Psychologues exclus : conséquences sur la qualité du suivi des élèves

Nouvelle directive sur les soutiens et aménagements scolaires pour les élèves en difficulté d’apprentissage

Psychologues exclus : conséquences sur la qualité du suivi des élèves


Qualité des prestations péjorées, inégalité de traitement, vision trop restreinte des difficultés: l’Association genevoise des psychologues (AGPsy) pointe du doigt la nouvelle directive cantonale sur les soutiens et aménagements scolaires pour les élèves souffrant de troubles DYS (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dysgraphie, et dyspraxie) ; elle concerne plus généralement les enfants en grande difficulté d’apprentissage, mais aussi les allophones ou à haut potentiel intellectuel (HPI), sportif ou artistique. Avec des conséquences sur la prise en charge et l’efficience des mesures prescrites.

En 2009, l’introduction de la directive sur les aménagements scolaires pour les élèves souffrants de troubles DYS permettait de réduire les échecs scolaires dans le canton de Genève. Or, une nouvelle directive est sortie à la dernière rentrée. « Une fois encore, les psychologues spécialement formés n’ont été ni consultés ni intégrés à ce processus. Cela pose un problème à la fois pour l’évaluation des troubles, pour la prescription des mesures d’accompagnement des élèves en difficulté comme pour le suivi et la qualité des prestations fournies à la population», regrette l’Association genevoise des psychologues (AGPsy).

Qui diagnostique les enfants HPI ?

Concrètement, les psychologues spécialement formés ou expérimentés ne peuvent toujours pas prescrire ces mesures d’accompagnement même si ce sont souvent eux qui sont les plus aptes à poser un diagnostic comme pour le haut potentiel intellectuel (HPI). Des enfants HPI qui sont justement une nouvelle population ajoutée au chapitre des élèves concernés par la nouvelle directive. Dans les faits, une démarche d’évaluation diagnostique ne peut se faire que par des logopédistes, des neuropédiatres. Ces situations absurdes n’ont pas été palliées par la nouvelle directive, déplore l’AGPsy.

En outre, pour certains troubles DYS, l’absence de psychologues dans leur évaluation aboutit à une vision restreinte de certaines difficultés que rencontrent ces élèves. Par exemple, un enfant avec des troubles attentionnels, qui n’arrive pas à se concentrer en classe, peut avoir d’autres problèmes DYS que seuls des tests psychologiques spécialisés peuvent mettre en évidence. C’est le cas de certaines dimensions de la dyspraxie (comment se représenter les choses dans l’espace). Cela pose aussi un problème de reconnaissance du champ de compétences de chaque profession. Pour l’AGPsy, ce n’est dans l’intérêt ni des élèves, ni des enseignants, ni des parents ni des autres professionnels de se passer de compétences expertes.

Prestations pas remboursées

Sans compter que l’égalité de traitement dans l’accès aux diverses prestations n’est pas garantie. Si les prises en charge de certains professionnels sont remboursées par les services publics, ce n’est toujours pas le cas des psychologues spécialisés. Autrement dit, seuls les parents qui ont les moyens financiers peuvent faire bénéficier leurs enfants de l’accompagnement psychologique adéquat. L’AGPsy estime que la prise en charge des troubles des apprentissages doit rester une priorité pour que les élèves souffrant de troubles DYS puissent rester dans le cursus et avoir les mêmes chances que les autres.

Informations et contact :

Esther Hartmann,
Secrétaire générale
esther.hartmann@psy-ge.ch